Projet de thèse en Psychologie, sous la direction de Cécile Sénémeaud (PR, LPCN, Université de Caen Normandie) et de Christophe Démarque (MC, ALLSH, Aix Marseille Université).
Thèse en préparation à l’Université de Caen Normandie, dans le cadre de l’École Doctorale Homme, Sociétés, Risques, Territoire ((ED HRST 556, Caen), en partenariat avec le Laboratoire de Psychologie de Caen Normandie (équipe de recherche) depuis le 01-09-2021.
Résumé
La création de groupes régionaux d’expert·es sur le changement climatique contribue à réorienter le discours climatique en France vers ses effets concrets, observables à l’échelle locale. En psychologie, cette stratégie de « proximisation » – visant à réduire la distance psychologique au risque climatique – est considérée comme un levier face à l’inaction climatique. Après plus d’une décennie de recherche, il est toutefois admis que son effet sur les comportements en faveur du climat est loin d’être systématique. L’objectif de ce travail de thèse est de mieux comprendre la stratégie de proximisation du changement climatique en étudiant ses effets en fonction d’une variable jusqu’ici inexplorée : la manière dont les comportements en faveur du climat sont eux aussi appréhendés (i.e. de manière concrète ou abstraite).
L’hypothèse principale repose sur l’idée que cette stratégie serait plus efficace lorsqu’elle promeut des représentations compatibles du changement climatique et des comportements ciblés. Pour tester cette hypothèse, un programme de recherche en deux volets a été élaboré. Le premier volet, constitué de cinq études, a permis d’examiner l’effet de la distance psychologique, en fonction de l’identification d’une action d’atténuation (réduire sa consommation de viande). Les résultats de ce premier volet confirment que cette stratégie influence l’intention d’agir en faveur du climat seulement lorsqu’elle s’accompagne de moyens d’action concrets. Le second volet, comprenant deux méta-analyses, l’une corrélationnelle et l’autre expérimentale, visait à comparer l’effet de la proximisation du changement climatique sur des comportements jugés plutôt abstraits (atténuation) ou concrets (adaptation). Contrairement à nos prédictions, les résultats de la méta-analyse corrélationnelle révèlent que la proximité psychologique est davantage associée à un engagement en faveur de l’atténuation, pourtant caractérisé par une portée plus générale. Les résultats de la méta-analyse expérimentale soulignent quant à eux un effet moyen négligeable de la distance psychologique lorsqu’elle est manipulée, qu’il s’agisse de promouvoir des actions d’atténuation ou d’adaptation. Pour finir, pris dans leur ensemble, les résultats obtenus dans le cadre de ces deux volets indiquent que proximiser le changement climatique peut être un levier efficace pour favoriser des intentions d’actions individuelles mais semble inefficace pour favoriser un changement de pratique effectif ou pour motiver à adopter des actions plus collectives.
À l’issue de ce travail, nous tenons à souligner (1) l’intérêt de penser la stratégie de proximisation en relation avec les représentations des actions qu’elle cible ; (2) la nécessité d’approfondir l’analyse des liens complexes entre distance psychologique et action climatique ; (3) les questions épistémologiques suscitées par une stratégie centrée sur ce qui se passe « sous nos yeux » quand le changement climatique appelle des réponses collectives en faveur des populations les plus vulnérables.
Mots-clés
Proximisation du changement climatique, distance psychologique, difficulté des écogestes, niveaux de construits, identification de l’action, programmes de sensibilisation, transition écologique
Acronyme
DIPSY-CC
Financements
La thèse DIPSY-CC bénéficie d’un financement de la part de la Région Normandie (RIN doctorants 100%).